Tuesday, January 26, 2010

Tōkyōland

Pourquoi êtes-vous venu au Japon? Cette question qu'on me posait pour la 132e fois, j'étais encore bien incapable d'y répondre. Pour y rejoindre Kayoko? Au début peut-être... Mais plus le temps passait, plus j'en doutais. Au-delà de ce qui m'avait poussé à partir pour Tokyo, il y avait ce qui m'y retenait, l'inconnu, des promesses d'aventures et... travailler chez des mangakas!” [Texte de couverture arrière]

“Jean-Yves Brückman est un jeune dessinateur français qui se cherche. Il réalise un jour un vieux rêve : partir au Japon pour y vivre. Il se heurtera assez vite à l’apprentissage d’une vie d’immigré. Après plusieurs échecs professionnels, et bien qu’ignorant tout du manga, il deviendra assistant mangaka.” [Texte d'intro sur le site de l'éditeur]

Tōkyōland m'a été recommandé par plusieurs amis et collèques: “T'es un fan de manga et du Japon alors tu vas certainement aimer cette superbe bédé” me disaient-ils. En effet, j'ai fini par l'emprunter à la bibliothèque publique et j'ai beaucoup apprécié. C'est un récit anecdotique où le “héros” raconte son expérience de voyage au Japon, dans un genre qui rappelle un peu le croisement entre la série Paul du dessinateur Québécois Michel Rabagliati et le film Lost in Translation de la réalisatrice Sofia Coppola. La première chose que l'on remarque en lisant Tōkyōland, c'est son style un peu naïf, caractéristique de ce que l'on retrouve souvent ces temps-ci chez les “jeunes” auteurs qui font dans les récits de chronique sociale ou tranche-de-vie (Michel Rabagliati, Marjane Satrapi, Guy Delisle, etc). Malgré des arrière-plans relativement détaillés, le style est très simple et dégagé, mais offre des personnages aux traits sommaire, quasi-caricatural. C'est un style à mi-chemin entre le manga japonais et la bédé européenne: un dessin à l'encre, texturé de trames mais qui se distinque par l'ajout de vert pastel qui donne un peu plus de profondeur à la case.

Si le style de Tōkyōland n'est pas pour plaire à tous, son histoire ne devrait pas laisser personne indifférent. Les mésaventures de Jean-Yves au pays du soleil levant trace un intéressant panorama de la culture japonaise et nous apprend beaucoup sur la société nippone et les différences culturelles qui la sépare de l'Occident. On découvre aussi de nombreux détails tant sur les “working-holiday” visas que sur le travail d'assistant mangaka. Tout cela n'est pas par hasard puisque Benjamin Reiss a vécu six ans au Japon—où il a entre autre travaillé comme assistant pour le mangaka Oiwa Kenji, l'artiste de Bienvenue dans la NHK. Il admet volontier dans des interviews que son récit est largement autobiographique. Mais une fois la lecture de Tōkyōland terminée on reste un peu sur notre faim, se demandant si Jean-Yves retournera au Japon et espérant lire d'autres de ses mésaventures. Heureusement, Benjamin Reiss nous rassure en affirmant qu'une suite est déjà en train.

Tōkyōland: Les aventures d'un Français au Japon, par Benjamin Reiss. Ed. 12 Bis, 2009. B&W (plus une couleur), 19 x 26 cm, 96 pgs. 15.00 € / $29.95 Can. Recommandé pour adolescents (14+). ISBN: 978-3-35648-068-2.
Tōkyōland © 12 BIS, 2009.

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