Le Journal de mon père est l'un des premier Taniguchi que j'ai lu (après le premier volume de Au temps de Botchan et La montagne magique) et j'ai été tellement impressionné que j'en suis resté bouche-bée et ai oublié d'en écrire le commentaire. Je corrige donc ici cette négligence.
Le Journal de mon père (父の暦 / Chichi no koyomi) a originellement été publié au Japon par Shogakukan en 1994. En France, il a d'abord été publié par Casterman en trois volumes (Vol. 1: Le grand incendie, Vol. 2: La séparation, Vol. 3: L'apaisement) en 1999-2000, puis en un seul volume à couverture souple en 2004 et finalement en une édition cartonnée en 2007. La troisième oeuvre de Taniguchi a être traduite en français après L'Homme qui marche et Le Chien Blanco, Le Journal de mon père fut son premier succès en France et demeure encore aujourd'hui l'un de ses manga les plus connus en Europe. Taniguchi y raconte l'histoire de Yoichi qui, à l'occasion de la mort de son père, retourne dans son village natal pour la première fois en quinze ans. Il avait peu à peu cessé de voir son père, jugeant ce dernier responsable du départ de sa mère, et il éprouvait envers lui beaucoup de ressentiment. Au travers des discussions de la veillée funèbre, il redécouvre un père qu'il ne connaissait finalement pas beaucoup et en vient à regretter de ne pas l'avoir mieux connu de son vivant.
Le Journal de mon père ressemble étrangement à Quartier lointain (écrit quatre ans plus tard, en 1998), mais sans les éléments fantastiques ou surnaturels—qu'il réussisse à raconter une telle histoire en l'ancrant dans le quotidien démontre bien le talent extraordinaire de Taniguchi. On y retrouve toutes ses thématiques fétiches, particulièrement celles de la réminiscence, de la nostalgie et de la vie quotidienne. Il y a aussi le thème de la famille car son sujet quasi-Oedipien nous rappelle que l'on doit chérir ses proches pendant qu'il en est encore temps. On retrouve également le thème de la nature (dans les scènes buccoliques de la campagne Japonaise) ainsi que l'aspect animalier (dans l'affection du personnage principal pour son chien). Le plus surprenant c'est sans doute de découvrir—sous une forme inusité je l'admet—la thématique déambulatoire qui lui est si chère. Toutefois, dans ce cas-ci, Taniguchi nous offre une promenade à travers les souvenirs de Yoichi. Ce sera un voyage qui aura un effet transformateur profond sur le personnage—et peut-être aussi sur le lecteur.
C'est une oeuvre introspective très émouvante qui est bien mise en lumière par une excellente narration et par le style clair et précis de Taniguchi. C'est un superbe exemple de son talent d'artiste qui est particulièrement mis en valeur par l'édition cartonné (qui en profite également pour corriger quelques erreurs de disposition de cases présentent dans les éditions précédantes). Le Journal de mon père est sans conteste l'un des plus grands chef-d'oeuvres de Taniguchi.
Références: notice encyclopédique de ANN, bibliographie et notice Wikipedia.
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