Alignement Karmique?
Des fois on expérimente dans la vie des événements qui, quand on y repense par la suite, semblaient présager ce que l'avenir nous réservait. Je ne saurais dire si cela est le résultat de quelque extraordinaire coïncidence ou d'une sorte d'étrange alignement karmique, mais cela m'est arrivé à quelques reprises. Par exemple, je me souviens avoir vu, à la fin de l'été 2001, un reportage sur la situation en Afghanistan, puis, quelques jours plus tard à une conférence de presse du Festival des Films du Monde, j'ai vu un groupe de femmes afghanes faire un éclat pour attirer l'attention sur leur situation sous les talibans. Une semaine plus tard, deux avions de ligne percutaient les tours du World Trade Center, menant ultimement à la guerre en Afghanistan... La conjoncture de ces événements dans ma vie me donna une sinistre impression.
Et bien hier j'ai de nouveau expérimenté cette étrange conjoncture...
Mercredi dernier, dans le cadre des “Grands Reportages”, Radio-Canada montrait le documentaire La Rafle qui décrivait les abus policers et la suspension des droits civils suite aux arrestations arbitraires qui eurent lieu lors des “Événements d'Octobre” de 1970 et dont on commémorait le quarantième anniversaire. Je n'avais pas le temps d'écouter ce reportage alors je l'ai enregistré sur l'enregistreur video personal (EVP) de mon terminal illico. Hier, au retour du travail, j'ai décider de le visionner tout en mangeant mon souper. Intéressante, cette période de notre histoire. Heureusement, des choses comme ça ne pourraient plus se produire de nos jours (famous last word / claquement de tonnerre sinistre). Je ne n'avais aucune idée de ce que cela pourrait présager pour moi... (mais j'aurais du me douter qu'une date comme le 10-10-10 me réserverait quelques surprises: on me dit qu'en binaire ce chiffre fait quarante-deux — un nombre significatif si on en croit le Hitchhiker's Guide to the Galaxy!)
“Book 'im, Danno!”
Après avoir visionné "La Rafle" j'ai continué à regarder des émissions de télé pré-enregistrées, jusqu'à ce que le buzzer et la sonnette de la porte d'entrée retentissent tous deux avec insistance. Il est à peu près vingt-heure trente: je ne reçoit pratiquement jamais de visiteurs (surtout pas en soirée) et il est encore trop tôt pour que ma femme revienne de son travail. Je vais donc ouvrir la porte d'entrée avec une prudente curiosité.
Sur le perron je découvre quatre agents de police plus ou moins disposés en éventail devant la porte. J'ai un bref moment de panique et imagine qu'il est arrivé quelque chose à ma femme. Je n'ai cependant pas le temps de dire quoique ce soit, notant en un éclair que deux des policiers ont la mains sur leurs armes de service, que l'un d'entre eux me demande poliment de sortir sur le balcon. Tout se passe très vite: je suis éberlué par la tournure des événements et dans le temps de le dire je suis fouillé pour s'assurer que je ne dissimule pas d'armes et je suis menottée les mains derrières le dos. On m'explique alors (c'est toujours le même policier qui parle; c'est sans doute le plus haut gradé des quatre), lentement et calmement, qu'un appel anonyme les avait averti qu'une femme se faisait violentée au couteau à mon adresse et qu'on voulait simplement fouiller mon appartement pour s'assurer que tout allait bien. Ou bien c'était la femme elle-même qui, poursuivit par son conjoint avec un couteau, s'était enfermée dans la salle de bain et avait appelé la police avec son cellulaire; je ne sais plus, je ne me souviens plus très bien de l'explication. J'ai protesté faiblement que j'étais seul dans l'appartement, qu'il n'y avait personne d'autre et que ma femme était encore à son travail. Quelques instant plus tard, deux policiers ayant fait le tour de la place et constaté qu'effectivement il n'y avait rien à signaler et que j'étais bien seul, on m'a libéré avec des excuses qui semblaient bien sincères.
J'ai alors cherché à avoir quelques explications. "Vous êtes bien sûr que c'était mon adresse?" ai-je demandé. "Vous savez les livreurs de restaurants passe leur temps à venir sonner chez moi alors que leur destination véritable est la rue d'à côté. Ça ne serait pas la première fois que quelqu'un se trompe d'adresse" dis-je sur un ton nerveux qui essayait de détendre l'atmosphère. On m'assure qu'il n'y a pas d'erreur et que c'est bel et bien l'adresse qu'on leur a donné. Je demande à avoir du suivi sur cette affaire, si cela est possible. Les policiers sont parti, me laissant sur le perron à m'inquiéter que mes chats aient profité de la porte restée ouverte plusieurs minutes pour s'échapper. Mais heureusement l'un dormait profondément sur le divan du salon et l'autre, plutôt peureux, se cachait au sous-sol. Les policiers sont resté un petit bout de temps dans leur voitures de patrouille, attendant sans doute de nouvelles instructions.
J'en conclu que tout cela est peut-être un canular (bien méchant) ou que les téléphonistes du 911 aurait mal comprit l'adresse. Cela a, dans les deux cas, des conséquences désagréables pour quelqu'un: dans un cas mon amour-propre a été blessé (se faire ainsi menotter sur son perron, nue pied et en robe de chambre, à la vue de tout les voisins, c'est assez humiliant!), dans l'autre il y a une victime espérant des secours qui n'arrive pas...
But who watches the watchmen?
J'ai passé un coup de fil à ma sœur. Parler de cette aventure rocambolesque m'a aidé à me calmer. Puis je suis retourné regarder la télé...
Toutefois, si l'on laisse une graine de paranoïa germer pour un instant, la question se pose: n'est-il pas un peu trop facile pour les forces de l'ordre d'arrêter les gens, des pénétrer dans leur domicile sans mandat et de fouiller les lieux? Et qui sait ce qu'ils auraient pu faire d'autre dans mon appartement pendant que j'étais menoté à l'extérieur?
Bien sûr, on peut toujours argumenter que les policiers ont été poli, efficace, et qu'ils avaient des raisons justifiées ("probable cause" comme ils disent dans les séries télé) d'agir comme ils l'ont fait. Après tout ils ne faisaient que leur travail et nous en sommes plus sécure. Mais n'empêche que, quand c'est à vous que ça arrive, ce n'est jamais drôle. L'adrénaline me monte au nez rien que d'y penser et la vue d'une voiture de police me donne encore d'étranges sueurs froides...
Si je n'avait pas écrit ceci je pourrais croire, maintenant, que tout cela n'était qu'un (mauvais) rêve...
Il faut aussi croire que je ne suis pas le seul à qui une telle aventure est arrivée durant ce long week-end... Étrange, vraiment étrange.
Update (2010-10-12): Après une visite au poste de police pour obtenir des clarifications, il s'avère que l'appel a été placé à la police de Longueuil. Aucune addresse n'ayant été donné, l'appel cellulaire a été triangulé à mon addresse — où la police n'a trouvé qu'un “homme en pyjama regardant la télé avec son chat”. Il a par la suite été établi que la dame en détresse était localisée à Rougemont en Montérégie! J'ai donc été victime d'une défaillance technologique... C'est beau le progrès!
1 comment:
Vous aurez bien sûr tous compris la référence à la vieille série “Hawaii Five-0” (quoi qu'on y fait un clin d'oeil dans le remake de cette année). “Book 'em, Danno”, c'est la phrase que Steve McGarrett disait tout le temps à son second! Quant à la locution latine, et bien elle s'explique d'elle même (mais c'est une citation de Socrate et non une référence à Alan Moore)!
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