Sunday, December 29, 2013

Astérix chez les Pictes

“Le Village d’Astérix enneigé se remet doucement d’un hiver glacial comme jamais, quand Astérix et Obélix font la plus étonnante des découvertes : un jeune homme enfermé dans un glaçon, échoué sur la plage ! Panoramix est formel : il s’agit d’un Picte. Mais qui sont les Pictes ? Des peuples de l’ancienne Ecosse, redoutables guerriers aux multiples clans, dont le nom, donné par les Romains, signifie littéralement « les hommes peints ». Astérix chez les Pictes, c’est donc un voyage épique, en compagnie de Mac Oloch et de la belle Camomilla, vers une contrée riche de traditions. Au fil des pages, on découvre un peuple attachant dont les différences culturelles se traduisent en gags et jeux de mots mémorables. De l’eau de malt, des noms en Mac, des lancers de tronc, des bardes adeptes de la cornemuse, les origines du mur d’Hadrien et du monstre du Loch Ness sont dévoilés ! Et même des Gaulois en kilts, par Toutatis !”

[ Texte du site de l'éditeur ]

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Astérix chez les Pictes est le trente-cinquième album des aventures d'Astérix le Gaulois (et d'Obélix). Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de présenter en détails cette série de bande-dessinée franco-belge qui fit ses débuts dans le premier numéro du journal Pilote en octobre 1959 sous la plume collective de René Goscinny (pour le scénario) et de Albert Uderzo (pour le dessin). Cette série humoristique a toujours été très populaire auprès des lecteurs de tout âge d'abord parce qu'elle parodie la société moderne (surtout française) mais surtout à cause de ses merveilleux et brillants jeux de mots (principalement dans les noms de personnages mais beaucoup aussi par des calembours, des références astucieuses ou des associations absurdes mais rigolotes: par exemple “Je suis mon cher ami très heureux de vous voir. - C'est un Alexandrin” dans Astérix et Cléopâtre, ou “Il ne faut jamais parler sèchement à un Numide” dans Astérix Légionnaire). Le succès tiens au fait que les albums peuvent être appréciés sur plusieurs niveaux de lecture: les gags visuels pour les plus jeunes (principalement les baffes et autre bagarres), les parodies et astuces linguistiques pour les plus vieux. [ci-contre: page 5]

Le style artistique de la série est typique des BDs humoristiques franco-belges, avec des personnages très caricaturés (beaucoup de gros nez), quoiqu'une certaine attention est souvent apportée aux arrières-plans (paysages, détails architecturaux). Ce qui caractérise cet album en particulier, c'est qu'il est le premier à être produit sans les créateurs originaux: Jean-Yves Ferri prends la relève pour les textes et le travail de dessinateur passe à Didier Conrad (Uderzo a toutefois supervisé étroitement la production et co-signé la couverture).

L'histoire de ce nouvel album n'est malheureusement pas très originale: Astérix et Obélix découvrent sur la plage un individu enveloppé dans la glace. Le druide Panoramix l'identifie comme un Picte, une tribu celte de Calédonie (donc un cousin, ancêtre des Écossais). Nos deux héros raccompagneront donc Mac Oloch chez lui et l'aideront à empêcher Mac Abbeh, le chef du clan de la rive opposées du loch, de se faire nommé roi à la place du défunt Mac II, et à secourir sa fiancée Camomilla des griffes du vilain.

Je déplore amèrement que l'humour de la série n'ait jamais été le même depuis la mort de Goscinny en 1977. Depuis Le Grand Fossé, en 1980, les albums n'ont pas été aussi drôles ou astucieux qu'avant. Et celui-ci ne fait pas exception. Par contre, visuellement, cet album reste très semblable aux précédents, Didier Conrad faisant un excellent travail pour imiter le style d'Uderzo. Les planches sont peut-être un peu plus chargés qu'avant et il utilise quelques raccourcis narratifs inusités mais sinon c'est assez proche. Je suis donc plutôt déçu mais je m'y attendais. C'est plutôt moyen comme album mais il mérite tout de même d'être lu. Un trente-sixième album, Astérix chez les Bataves, est annoncé pour 2015. Je ferai sans aucun doute l'effort de le lire, sans beaucoup d'attentes mais tout de même avec l'espoir de rigoler et par soucis de tradition.

Ci-dessous: Extrait des pages 7 à 9

Astérix chez les Pictes, texte de Jean-Yves Ferri et dessins de Didier Conrad. Paris, Les Éditions Albert René, octobre 2013. 29 x 22,2 x 1,4 cm, 48 pg., 9,90 € / $16.95 Can. ISBN: 978-2-86497-266-2. Recommandé pour tous.

Pour plus d'information vous pouvez consulter les sites suivants:

Astérix chez les Pictes © 2013 Les Éditions Albert René.

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4 comments:

Sébastien Chartrand said...

Analyse très juste, mon oncle. Je trouve également que le second degré de lecture a beaucoup diminué avec le décès de Goscinny. Quant à cette aventure chez les Pictes, je partage la déception - anticipée - et s'il est vrai que Conrad imite bien Uderzo, je trouve qu'il emploie certaines techniques de coloration plus modernes qui tranchent énormément avec les premiers albums (au niveau des dégradés, notamment). Cela dit, comme Brian Herbert reprenant Dune ou Bear reprenant Fondation, certaines chaussures sont parfois trop grandes à chausser. Reste à espérer que les nouveaux créateurs maîtriseront mieux l'univers des Gaulois au fur et à mesure qu'ils s'y consacreront.

En bref, de l'excellent travail d'imitation... mais une imitation tout de même.

Cosmicdiadrone said...

On s'entend, c'est un premier album. C'est pas de la trempe de Goscinny, mais c'est quand meme honnete, si on compare à des aventures comme Lucky Luke et la belle... Et sans etre memorable, c'est plus dans le style que Le ciel lui tombe sur la tete. L'humour reste à parfaire mais il y a espoir, comme on disait prcedemment, ce sont des grand souliers à chausser. Les personnages sont graphiquement sympathique, meme si le trait est un peu plus nerveux. C'est au niveau des decors que ca prendrait un peu plus d'amour. Uderzo etait un genie des paysages et de la representation des constructions d'epoque. On le sent moins, ici. Les decors sont plus cartoony et manquent de profondeur. Mais là encore, pour moi, il y a espoir. On sent la volonté de respecter l'oeuvre et de lui permettre de continuer à évoluer au delà deses créateurs mais sans la dénaturer.
Un dernier mot pour dire que je ne trouve pas que le fantastique, science druidique exclue, est un plus dans un recit d'Asterix. Les bêtes fabuleuses sonnent toujours un peu faux.
Tu faisaisallusion à quoi en parlant de raccourcis inunités?

clodjee said...

Je faisais allusion au fait qu'en quelques endroits on décrit des scènes au lieu de les montrer, sans doute pour sauver du temps (et des pages). L'exemple le plus frappant est quand on explique, croquis à l'appui, comment Astérix et Obélix se rendent dans la grotte sous-marine, repère du monstre marin.

Julian said...

De mon côté, à la première lecture, mes sentiments étaient mitigés : au niveau du dessin, ça tranche quand même avec Uderzo. J'ai eu du mal à entrer dans l'histoire à cause du trait de Conrad. J'avais l'impression qu'Astérix avait perdu son âme... Niveau texte, en revanche, j'étais plutôt satisfait : évidemment le maître restera Goscinny, mais après tous les navets que nous a sorti Uderzo depuis le milieu des années 80, Ferri ne pouvait pas faire pire... Finalement j'ai bien aimé, je me suis habitué au trait de Conrad et j'ai pris plaisir à le relire plusieurs fois. En revanche, je n'ai absolument pas envie de relire ne serait ce qu'une seconde fois la plupart des albums d'Uderzo (j'ai eu déjà beaucoup de mal à les terminer lors de la première lecture, c'était épouvantable de nullité)...