Je n'ai pas l'intention de trop rentrer dans les détails (j'ai quatorze pages de notes!) mais je veux vous donner une idée sur ce qui c'est passé en gros à cette assemblée générale exceptionnelle du SFMM (pour un rappel de la situation qui a mené à l'assemblée, voir mon billet “Affaires Syndicales”). Comme à l'habitude, seulement quelques centaines de personnes sont présent sur les dix-mille membres du syndicat. D'abord, par soucis d'impartialité, Monique Côté a cédé la présidence de l'assemblée à un camarade du syndicat national, Serge Morin, directeur-adjoint du SCFP. L'assemblée, qui a commencé avec trente minutes de retard, n'avait que deux points à l'ordre du jour: faire le point sur la situation actuelle et adopter des mesures pour remédier à la situation. [ Continuez avec le compte-rendu après le saut de page: ]
Si les deux factions en dispute ont totalement échoué à expliquer clairement aux membres la situation et ses causes, ils ont très bien réussi à démontrer par leurs paroles et action (digne d'une cour d'école élémentaire) dans quel impasse se trouve le syndicat. Si les causes demeurent obscures (conflit de personnalité? choc d'ambition? enfantillages?), il est clair que depuis dix-huit mois (c'est-à-dire peu de temps après que l'équipe AccèsCible ait été réélu à l'exécutif) plusieurs membres de l'exécutif ne se parlent plus, se boudent, s'accusent mutuellement d'obstruction, de collusion, d'intimidation et que, malgré toutes les tentatives de médiation et de conciliation, il y a des différences irréconciliables au sein de l'équipe. Cela crée une atmosphère malsaine, invivable, et rend l'exécutif complètement dysfonctionnel, nuisant à l'accomplissement de ses tâches. [On se croirait en pleine politique américaine!]
Après plus d'une heure de débats inutiles, on passe au second point de l'ordre du jour, visant à trouver des solutions. Une première proposition, qui échoue à cause d'un vice de forme, suggère que l'assemblée ne se prononce pas (quelle stupidité: l'assemblée a été convoqué pour règler le problème; il serait inutile et totalement ridicule de s'en tenir au statu quo!).
Une seconde proposition suggère ce qui me semble la solution la plus évidente et efficace: une nouvelle élection mais seulement pour l'exécutif (un amendement, défait, proposa une véritable élection générale qui inclut non seulement l'exécutif mais aussi le conseil général et le conseil de direction, argumentant que le problème est “plus profond que simplement l'exécutif”). Après de long débats, je constate que la faction “Bouliane” (qui a le plus à perdre en cas d'élection) est contre la proposition. La faction “Monique Côté” (prétendument à l'origine de la pétition qui appela l'assemblée et qui, étant maintenant minoritaire au sein de l'exécutif, pourrait éventuellement en regagner le contrôle avec des élections) est sans surprise pour. L'équipe du “109 au 429” est également en faveur. Malheureusement, l'assemblée choisie de voter contre la proposition. (Je commenterai ce choix plus loin).
Une troisième proposition, rapidement adopté, demande de poursuivre le processus en cours et d'aller de l'avant avec les élections partielles (pour combler les trois postes vacants de l'exécutif; c'est une proposition inutile et stupide puisque c'est ce qui se passera de facto si aucune proposition de solution n'est adoptée). L'option statu quo revient encore à la charge! (Quelle insistance!) Une quatrième proposition, impatiemment rejetée, suggèrait de mettre l'exécutif sous la tutelle du SCFP. Finalement, après trois heures de débats, quelqu'un propose l'ajournement de l'assemblée.
Commentaire: Cette assemblée, quoiqu'amusante, aura été une perte de temps monumentale (croyez-le ou non, j'ai des choses plus importantes à faire dans la vie que d'assiter au spectacle de la déplorable chamaille des membres de l'exécutif et de leur vain exercice oratoire dans l'art de la connerie). Je suis consterné que les membres du syndicat aient choisi le statu quo au lieu de ce qui me semble la seule véritable solution à l'impasse actuelle.
Je comprend toutefois l'inquiétude des membres qu'avec une élection générale on risque de se retrouver avec la même équipe (et donc les même problèmes). Mais il y a toujours des chances d'amélioration alors qu'avec des élections partielles ont a la certitude que rien ne changera, ce n'est qu'un jeu de chaise, un remaniement des postes mais on reste avec les même joueurs.
Je comprend également le sentiment que c'est à l'exécutif de règler leurs problèmes à l'interne, de faire le travail pour lequel ils ont été élu et que ceux qui sont minoritaire doivent faire des compromis et se rallier à la majorité. Mais si, après dix-huit mois, tout les efforts de conciliation ont échoué, que reste-t-il? C'est inutile de s'entêter à faire rentrer la pièce carrée dans un trou rond et, comme le statu quo n'apportera clairement aucune solution, il aurait donc fallut remettre l'ultime jugement entre les mains de tout les membres pour qu'ils choisissent un nouvel exécutif qui aurait de meilleurs chances d'être fonctionnel et efficace--un exécutif fort qui puisse présenté un visage unis face à l'employeur.
Je rejète cependant l'idée que des élections générales seraient trop longues, trop chères et trop compliquées. Faire des élections pour combler huit postes ne serait pas vraiment plus cher, plus long ou plus compliqué que pour en combler trois. Franchement...
Tout cela est très décevant et ne m'encourage guère à m'intéressé plus avant (ou même m'impliquer) dans les affaires syndicales. De ce résultat, il faudrait en déduire soit que les membres présent à l'assemblée ont fait preuve d'un piètre jugement ou soit qu'une des factions (celle qui aurait été désavantagé par des élections évidemment) ait mobilisé ses membres avec un plus grand succès afin d'influencer le vote en leur faveur (ce qui va de soit en politique). J'ose néanmoins croire que mes collègues sont capable de raisonner judicieusement...
La seule possible solution à l'impasse serait maintenant que les membres restant de l'exécutif (ou du moins ceux de la faction minoritaire) aient le courage moral de démissionner en bloc afin que l'on procède à des élections partielles pour cinq ou six (idéalement huit) postes au lieu de trois. C'est ce qui se raprocherait le plus d'une élection générale et offrirait le plus de chance de changement et d'amélioration (particulièrement si le poste de la présidence devenait vacant; là on aurait droit à une féroce campagne électorale). Mais je doute qu'une telle situation se produise.
Conclusion: On va maintenant aller de l'avant avec les élections partielles, l'exécutif sera (en fin de compte) tout aussi dysfonctionnel qu'avant et ne vous attendez pas à avoir une nouvelle convention collective de si tôt! C'est ça la beauté de la démocratie: le gens peuvent eux-même prendre en mains leur destin mais ils ont aussi droit à l'erreur. Prenez-en note.
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