De temps en temps Jirō Taniguchi prête son talent d'artiste pour illustrer le récit d'un collaborateur. Il a ainsi travaillé, entre autre, avec Natsuo Sekikawa (Hotel Harbour View, Au temps de Botchan), Shirō Tōzaki (K), Baku Yumemakura (Garôden, Le Sommet des dieux), Yoshiharu Imaizuma (Seton) et même Mœbius (Icare). Dans le cas du Gourmet solitaire il a collaboré avec Masayuki Kusumi (qui a également écrit le scénario du Promeneur et sur lequel on ne connait malheureusement pas grand chose). Si ces collaborations présentent toutes la même qualité artistique (un style raffiné, simple et précis, fort évocateur), on n'y retrouve pas toujours le caractère personnel typique des oeuvres propres à Taniguchi et qui ont fait sa renommé. Toutefois, dans ce cas-ci, on retrouve tout de même l'aspect anecdotique et déambulatoire que Taniguchi avait déjà abordé deux ans auparavant dans l’Homme qui marche.
Le Gourmet solitaire [孤独のグルメ / Kodoku no Gurume] est un manga gastronomique qui nous fait découvrir, en dix-huit histoires très courtes (8 pages chacune), non seulement la cuisine Japonaise (qu'il s'agisse de porc sauté ou d'un bol d'anguilles grillées, de tokoyaki ou de yakiniku, d'oden ou d'udon) mais également plusieurs quartiers de Tokyo (ou même d'ailleurs: Gunma, Osaka, Kawasaki, Kanegawa). Encore une fois, Taniguchi nous dresse tout un panorama de la société nippone. Dans chacune des histoires, le narrateur sort d'une réunion d'affaire et, comme il a faim, il marche dans un quartier pour faire la découverte d'un restaurant et de plats qu'il nous décrit avec précision, le tout assaisonné de souvenirs ou de réflexions évoqués par la situation. C'est donc malheureusement assez répétitif, mais c'est tout de même une lecture agréable—à petite dose.
C'est un manga qui se lit plutôt bien, puisqu'on peut s'arrêter à volonté à la fin de chacune des courtes histoires; on peut le savourer tranquillement et à répétition. Comme la bonne bouffe, c'est un plaisir simple, contemplatif, qui nous offre l'occasion de méditer sur la relation avec notre propre environnement, au détour d'un repas, d'un quartier ou d'une rencontre. La description des lieux et des plats est si précise que je me demande si, en fait, chacune des histoires n'est pas la critique gastronomique de restaurants qui existent réellement...
Succulent mais un peu lourd sur l'estomac.
Le Gourmet solitaire, par Masayuki KUSUMI et Jirō TANIGUCHI. Casterman (Coll. Sakka), 2005. B&W, 15 x 21 cm, 200 pgs. 10.50 € / $21.95 Can. Recommandé pour adolescents (14+). ISBN: 978-2-203-37334-1.
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