...et décider pour les autres c'est de la dictature!
Il est risible que j'apprenne plus de choses sur mes conditions de travail et sur mon syndicat par les blogs et communiqués du Colvert que par mon propre syndicat!
Lettre d'entente pour Rosemont–La Petite-Patrie
Jeudi dernier (3/25) j'ai appris qu'une assemblée sectorielle était convoquée pour tous les aide-bibliothécaires et bibliotechniciens auxiliaires de l'arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie afin de voter sur une nouvelle lettre d'entente pour remplacer l'entente E.V. 96-94 régissant nos conditions de travail (octroi des heures de travail et autres dispositions). L'avis de convocation date du lundi 22 mars et le vote se tiendra mercredi le 31 mars, ce qui fait un préavis de 9 jours seulement. Ici je ne veux pas m'attarder sur les raisons qui font que les nouvelles lettres d'entente sont mauvaises pour nos conditions de travail (pour ça voir le project de lettre d'entente pour Ville-Marie et l'analyse qu'en a faite l'équipe du Colvert) mais c'est plutôt la façon de procéder pour les faire voter qui m'outrage.
Ces nouvelles lettres d'ententes, toutes similaires, ont déjà été entériné dans quatre arrondissements (Sud-Ouest, Ville-Marie, Villeray-Parc-Extension-St-Michel et Mercier-Hochelaga-Maisonneuve). Le processus est le suivant: les auxiliaires d'un arrondissement sont convoqués à une assemblée sectorielle sans qu'auparavant rien n'ait transpiré des négociations; l'exécutif leur présente verbalement les grandes lignes de l'entente, puis on leur demande de voter sur la lettre d'entente. Comme dans toutes les réunions de notre syndicat le taux de participation est très bas. J'ai entendu dire (mais non confirmé par de multiples sources) que la lettre de MHM avait été voté par moins d'une douzaine de personnes!
Imaginez si un parti souverainiste était au pouvoir et qu'il conviait le peuple à ce prononcer sur l'indépendance du Québec avec seulement une semaine de préavis. Les différentes factions n'ont pas le temps d'argumenter les pour et les contre de leur positions respectives et le taux de participation au vote est de moins de 10%! De plus, la formulation précise de la question référendaire n'est connu qu'au moment du vote! L'outrage serait indescriptible...
Je crois que les gens ont le droit de savoir dans quoi ils s'embarquent quand ils viennent voter. L'exécutif syndicale croit sûrement bien faire en procédant ainsi, histoire de sauver du temps en n'expliquant pas tout d'avance dans les détails. Après tout c'est compliqué toutes ces négociations et on n'y comprendrait pas grand chose. Eux ils savent ce qui est bien pour nous. Ils croient avoir négocier la meilleure entente possible et veulent qu'on leur fasse confiance. Je crois que cette attitude là démontre beaucoup de mépris de la part des dirigeants syndicaux envers leur membres.
Moi, qui ne connait rien (ou si peu) à la chose publique ou syndicale, je ne peux qu'exercer ma logique et mon “gros bon sens.” Si on se fie aux lettres d'ententes déjà signées, ces lettres n'augurent rien de bon pour nos conditions de travail et ne peuvent que les rendent pires qu'elles ne le sont déjà (plus de mobilité ville, surcharge de travail, etc.). Comme je l'ai déjà dit: une bonne convention ou lettre d'entente doit préserver le statu quo ou l'améliorer. Tout autre résultats est carrément inacceptable. Il faut donc empêcher ces lettres d'entente d'être votées en attendant des alternatives acceptables.
L'équipe du Colvert a déjà émit son opinion sur le sujet (“A nos Collègues...”, “Voter sur quoi” et “Qui peut voter”). Pour ma part, je dis à mes collègues de l'arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie: Êtes-vous prêt à vous fier totalement à l'exécutif syndical qui vous demande d'accepter cette lettre d'entente sur leur seul parole? Ou ne préféreriez-vous pas avoir droit de regard sur le texte avant de voter, juste pour faire sûr? N'en serait-il pas plus démocratique ainsi? Pas besoin d'avoir la tête à Papineau pour savoir qu'il est préférable de prendre une décision en ayant connaissance de cause. On est tout de même capable de décider par nous même des mérites de la lettre d'entente avant de voter. Si je me trouvais demain dans cette situation, devoir voter une lettre d'entente pour mon arrondissement sans en avoir vu préalablement le texte, je n'aurais que deux choix: demander à voir le texte et que le vote soit reporté à une date ultérieure pour nous donner le temps d'en prendre connaissance ou, simplement voter contre l'acceptation d'une lettre d'entente dont je ne connais pas le libellé en détails. Je ne trouve d'ailleurs pas normal que seul l'exécutif et le patron soient au courant des détails d'une négociation qui me concerne directement et je trouve inacceptable qu'une assemblée syndicale et un vote se fassent sur le lieu de travail (possiblement en présence des patrons: évidemment ils ne s'objecteront pas à un processus qui les avantage grandement). Ce n'est là que mon humble opinion (un peu tardive, mais bon...).
La question ici n'est pas tant de voter pour ou contre mais d'avoir un processus démocratique véritable qui se fait en connaissance de cause et dans le dialogue. Sans discussion il n'y a pas de démocratie. Sans information il n'y a pas des discussions. Et il faut aussi que les gens participent. Les employés des bibliothèques chialent beaucoup sur leur conditions de travail (moi en premier) mais si on ne fait jamais rien pour les améliorer (assister à une assemblée, participer au vote, faire connaitre nos opinions à nos délégués, etc.) et bien on perd alors tout droit de se plaindre. Alors s.v.p., messieurs dames de Rosemont–La Petite-Patrie, allez nombreux à cette assemblée sectorielle et posez les bonnes questions.
A suivre dans mon prochain billet sur le syndicat: “Ma première assemblée générale ou pourquoi la démocratie se meurt-elle”.
Update (2010/03/31):
Mes sources me disent que les résultats (non-officiels) du vote sont arrivés: 7 pour, 4 contre. La lettre d'entente pour Rosemont–La Petite-Patrie a donc été entériné par les auxiliaires de l'arrondissement. Reste à savoir combien y a-t-il d'auxiliaires dans l'arrondissement et quel pourcentage de participation cela représente. Je trouve cela décourageant, mais bon, ici c'est ça la démocratie! (ou si c'est ça la démocratie, mieux vaut aller se prendre!)
Il est étrange que si peu de gens votent une lettre d'entente qui, dans le fonds, concerne TOUT les auxiliaires de la ville. Parce qu'avec cette lettre d'entente là, théoriquement, moi—qui n'y ai pas de port d'attache—je ne pourrai plus travaillé dans les bibliothèques de cet arrondissement... Je me sens donc plutôt concerné.
Chaque nouvelles lettres d'ententes qui est voté dans un arrondissement est un clou de plus dans le cercueil de la lettre d'entente E.V. 96-94, affaiblissant d'autant la force de cohésion qui maintient l'assemble de nos conditions de travail. On nous divise pour mieux règner! Réveillez-vous!
Update (2010/04/01):
Une dernière pensée: si vous croyez, messieurs-dames du SFMM, que les lettres d'entente que vous avez négocié sont si bonne que ça, alors pourquoi ne pas nous (tout les auxiliaires des bibliothèques de la ville) en expliquer les mérites. On n'est pas simple d'esprit, si il y a quelques choses à comprendre, on va le comprendre. Pourquoi ne pas nous avoir demandé ce qu'on voulait? Pourquoi ne pas nous tenir au courant des négos? Pourquoi ne pas nous présenter les textes quelques semaines avant le vote et permettre un débat? Pourquoi nous faire voter par arrondissement alors nous sommes tous concernés? Pourquoi avoir si peur d'un dialogue démocratique?
Update (2010/04/13):
Après vérification, il aurait a peu près vingt-cinq auxiliaires dans l'arrondissement R-PP qui étaient en ”droit“ de voter. Considérant que onze d'entre eux ont voté à l'assemblée, cela fait un pourcentage de participation de 44%. C'est pas si pire vu les circonstances... Je crois donc que notre opinion a été entendu par certains et qu'il y a eut un début de mobilisation (ce que semble craindre nos “amis” d'Accès-Cible). Je me suis laissé dire que plusieurs participants de l'assemblée voulaient débattre de la question avant de se prononcer mais que les représentants du syndicat ont coupé court à la discussion et forcé le vote (qui était secret). Malgré tout cela on a tout de même obtenu quatre votes contre, ce qui est presqu'une victoire morale. On va continuer à informer nos collègues et je suis sûr qu'on peut faire encore mieux avec le prochain vote. Hasta la victoria siempre!
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