
“Être otage, c'est pire qu'être en prison. En prison, tu sais pourquoi tu es là et à quelle date tu vas sortir. Quand t'es otage, tu n'as même pas ce genre de repères. Tu n'as rien.” [ Texte de la couverture arrière ]
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ATTENTION: Peut contenir des traces de “spoilers”! Les personnes allergiques à toutes discussions d'une intrigue avant d'en avoir eux-même prit connaissance sont vivement conseillé de prendre les précautions nécessaires pour leur sécurité et devraient éviter de lire plus loin.

Depuis trois mois, Christophe s'occupait des finances et de l'administration d'une ONG médicale. C'était son premier travail dans l'humanitaire, dans la ville de Nazran en Ingouchie. Il dormait seul dans un bâtiment adjacent à leur bureau. Il d'abord cru qu'ils venaient pour dévaliser le coffre-fort, qui contenait la paie de la semaine, mais ils n'ont pris que lui. Après un long trajet en voiture, puis à pieds, il se retrouve à Grozny, en Tchétchénie. On l'enferme dans une pièce, couché sur un matelas au sol. Le lendemain, on le déménage dans une autre maison, où il se retrouve à vivre le cliché d'être menotté à un radiateur. Des semaines passent sans aucun changement. On le déménage de temps en temps, mais il ne parle pas leur langue. Il s'imagine le pire. Est-ce qu'on le recherche? Finalement, les ravisseurs prennent une photo, lui demande des contacts téléphoniques, mais par la suite des semaines passent sans autres nouvelles. Puis, il a une conversation téléphonique. Au moins, il sait qu'on négocie sa libération mais encore des semaines passent sans dénouement.
Il s'occupe l'esprit comme il peut (parfois en reconstituant dans sa tête des batailles célèbres des guerres napoléoniennes ou de la guerre civile américaine). Il est captif depuis plus de trois mois. Puis, une nuit, on oubli de le rattacher après le repas. Il tente sa chance et s'enfui. Il en a tellement rêvé. Il marche à s'en user les pieds, surtout de nuit. Il est recueillit par une famille de sympathisant, qui le ramène à Grozny et le met en contact avec les gens de l'ONG. On vient finalement le chercher. On l'amène d'abord à l'ambassade française de Moscou, pour des soins médicaux. Avant de retourner à Paris, il visite la plaine de Borodino, où Napoléon livra sa dernière bataille avant d'entrer dans Moscou. Il ne reste plus de trace de cette terrible bataille, seulement une légère brise qui souffle sur la plaine…
C'est un beau récit psychologique, où Guy Delisle tente vraiment de mettre le lecteur dans la tête du captif. C'est toute une réussite de convoyer tant de sentiments complexes avec seulement des dessins assez simples, qui n'utilisent que des tons de gris et de bleu, plus ou moins foncé pour exprimer le jour ou la nuit. Ça ne doit pas être facile de rendre un récit intéressant en ne dessinant, pendant plus de quatre-cent pages, qu'un gars couché sur un matelas, attaché à un radiateur! Et pourtant on partage bien l'état d'esprit du captif et on ne s'ennui pas, car le dessin prends alors une position d'arrière-plan et c'est le texte qui domine. Bravo!
S'enfuir: Récit d'un otage, par Guy Delisle. Paris: Dargaud , septembre 2016. 17.0 x 24.0 cm, 432 pg., 27.50 € / $39.95 Can. ISBN: 9782205075472. Recommandé pour un public adolescents (12+). Voir les extraits sur le site de Dargaud et Le Monde.

Pour plus d'information vous pouvez consulter les sites suivants:





S'enfuir: Récit d'un otage © Dargaud 2016.
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