Vendredi j'ai visité le Salon du livre de Montréal en long et en large (mais ce fut tout de même une visite éclaire, en un peu plus d'une heure) et tout ce que j'en ai gardé est une sensation de profond écoeurement.
Premièrement, il faut être pas mal masochiste pour visiter le salon après avoir passé une dure et très longue journée à travailler en bibliothèques (une de ces journées d'enfer qui vous font reconsidérer votre plan de carrière; ce n'est pas tout d'accomplir avec le sourire la pléthore des tâches variés qu'on vous attribut, mais le faire dans la cacophonie de petits morveux dissipés et irrespectueux qui hurlent et courent partout, c'est très exigeant).
Finalement, la présence de tous ces livres m'a laissé abasourdi, écrasé par une surcharge visuelle et intellectuelle. Il me semble que ce n'était pas comme cela quand je visitais le salon étant jeune. J'en conserve un souvenir d'émerveillement et d'admiration devant tout cet accomplissement littéraire. Des fois je me demande si il n'y a pas trop de livres publiés de nos jours. On en est venu à publier n'importe quoi et n'importe qui de sorte que tous les grands auteurs et ouvrages importants sont noyés dans la masse de ces titres insignifiants et médiocres. C'est cela sans doute la démocratisation de la littérature...
Et c'est probablement encore pire avec l'édition électronique, dont on faisait grand cas encore une fois cette année au salon. Est-ce vraiment une bonne chose que monsieur et madame tout le monde (et n'oublions surtout pas toutou) puissent raconter leur petite histoire et partager anecdotes et recettes savoureuses? Heureusement que les éditeurs ne publient qu'une fraction infime des manuscrits qu'ils recoivent!
Enfin, peut-être que l'édition a toujours été comme cela et, alors que les années passent, l'ivraie s'envole et qu'il ne reste plus dans notre souvenir que les perles et les classiques. C'est vrai, après tout il y a la loi de Sturgeon qui affirme que quatre-vingt dix pour cent de tout est de la merde! Peut-être, mais pour l'instant je ne vois qu'un gâteau visuellement trop riche, qui me reste sur l'estomac. La forêt de livres cache la littérature et je me sens dépassé, anesthésié, gourd et désensibilisé. Et au milieu de tout cela, la télévision, en directe, qui se se bat pour prendre à vos enfants le peu d'attention qu'ils peuvent donner. Les mots, il en reste si peu, auront-ils encore toujours un sens pour ces enfants turbulants, en constant état d'excitation comme de quelconques atomes, agités par les ondes de leurs écrans cathodiques?
J'ai tout de même apercu quelques livres beaux (sur la géographie ou l'art) ou amusants (comme ces compilations de Naruto grand format, immitant les magazines manga japonais hebdomadaires). Mais trop c'est trop. Et je reviens bredouille, mon épuisette vide, sans même la moindre suggestion d'achat pour Noël. Quelle tristesse.
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