Monday, March 10, 2014

Guerre et Paix

Mon âme est éternelle ! Tu ne pourras jamais me l'enlever !

Guerre et Paix, fresque épique qui a pour théâtre la guerre napoléonienne avec la Russie du début du XIXème siècle, met en scène André, un jeune officier qui remet en cause l'utilité de combattre, Pierre, un homme tourmenté par sa recherche du vrai bonheur malgré son immense richesse et Natacha, une fille ingénue qui deviendra une femme pleine de charme. Leur destin et celui d'une multitude d'autres personnages, s'entrecroisent à Moscou, ville en proie à l'anarchie engendrée par la guerre.”

“Découvrez en manga une des oeuvres les plus grandioses de la littérature moderne.”

Ta victoire t'importe à ce point ?! Espèce de fanatique de la guerre !!

[ Texte du site de l'éditeur  et de la couverture arrière ]

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ATTENTION: Peut contenir des traces de “spoilers”! Les personnes allergiques à toutes discussions d'une intrigue avant d'en avoir eux-même prit connaissance sont vivement conseillé de prendre les précautions nécessaires pour leur sécurité et devraient éviter de lire plus loin.

Guerre et Paix (まんがで読破 戦争と平和 / Manga de dokuha: Sensō to heiwa) est le septième volume de la collection manga de dokuha (lit. “Lisez en manga”) publiés par East Press en novembre 2007 (le #620 du catalogue de l'éditeur). L'adaptation et le dessin ont été réalisé par le studio Variety Art Works, dont on connait très peu de chose. C'est le quatrième titre de la collection a être traduit par Soleil Manga en septembre 2011 dans sa collection “Classiques”. J'ai déjà introduit cette collection et commenté quelques uns de ses titres (L'Ancien et le Nouveau Testament de la Bible, À la recherche du temps perdu, Le Capital, Le rouge et le noir et Les misérables). Cette collection reprend en traduction quelques titres de l'impressionnante collection japonaise Manga de Dokuha publiée par East Press, qui se consacre à adapter en manga des classiques de la littérature pour les rendre accessible à un plus large publique.


Dans le premier chapitre, intitulé “André” (pg 5), l'histoire débute en 1805 alors que la coalition des puissances européennes s'opposant aux conquêtes de Napoléon tente de l'arrêter à Austerlitz. Mais c'est la défaite. Le prince André Bolkonsky, aide de camp du général Koutouzov, est laissé pour mort sur le champ de bataille. À Moscou, sa femme Lise, qui est enceinte, garde toujours espoir. Mais André revient trop tard: sa femme est morte en donnant naissance à son fils. Il regrette d'avoir perdu un être cher à cause d'une guerre futile. Pendant ce temps, son ami le comte Pierre Bézoukhov (qui a épousé la belle Hélène Kouraguine, une “femme volage à la tête vide”) fait la fête avec des gens de mauvaise compagnie, principalement son ami Fiodor Dolokhov et quelques autres officiers sans titre de noblesse. Pierre et André se revoient lors d'une soirée chez les Rostov. André fait la rencontre avec la jeune et dynamique Natacha Rostov. [ci-contre: pg 9]

Dans le second chapitre (“Pierre”, pg 46), une lettre anonyme accuse Hélène d'avoir une liaison avec Dolokhov. Pierre provoque ce dernier en duel. Dolokhov, blessé, avoue qu'il a beau passer pour un homme brutal et sauvage mais il ne s'approprierait jamais la femme d'autrui. Hélène, furieuse du scandale, affirme qu'elle est simplement allé au théâtre avec Dolokhov parce que Pierre ne s'occupait pas assez d'elle. Le couple en vient à une entente: il se sépare mais Pierre doit fournir à sa femme une résidence et une grosse somme en dédommagement. Natacha invite Pierre et André à la villa familiale à Otradnoïe pour des vacances. André se remémore la bataille d'Austerlitz et les deux amis se demandent si, malgré la paix, ils sont vraiment heureux… Dans le troisièmes chapitre (“Natasha”, pg 82), André continue de fréquenter Natasha. Il tombe amoureux d'elle et désir la marier mais son père exige qu'ils attendent une année. En 1811, la guerre avec Napoléon menace à nouveau. Anatole Kouraguine, qui convoite Natasha, réussi à l'attirer chez lui grâce à la complicité de sa soeur Hélène, et tente de la violer. Pierre intervient à temps mais elle sent qu'elle a trahi l'amour d'André, et rompt l'engagement.

Dans le quatrième chapitre (“Moscou”, ci-bas: pg 112-113), Napoléon envahit la Russie en 1812 pour répondre à la violation du traité de paix (la Russie avait rompu le blocus continental en reprenant le commerce avec le Royaume-Uni) et marche sur Moscou. André est grièvement blessé à la bataille de Borodino. A l'approche de l'ennemi, les moscovites fuient la ville, qui brûle à cause de la négligence de l'envahisseur. Pierre est fait prisonnier par les soldats français. Malgré son succès, Napoléon doit battre en retraite car, faute de ravitaillement, le moral des troupes est au plus bas et l'hiver approche… Le récit (ou Tolstoï?) s'abandonne à quelques réflexions philosophiques:
“Pourquoi les gens… se jettent-ils corps et âme dans les tragédies historiques que sont les guerres? (…) Pourquoi obéissent-ils à la fatalité… au prix de tout leur être? L'homme… est un être dont la puissance est insignifiante. La raison en est… que les hommes ne sont rien de plus que des rouages qui bâtissent l'Histoire.”

Dans le dernier chapitre (“L'âme éternelle”, pg 166), André se réveille dans le couvent de Troïtsk avec sa soeur Marie et son fils Nicolas à son chevet. Natasha vient également le voir mais il est mourant. Ils se confessent tous deux leur amour. Napoléon se retire de Moscou en emportant les prisonniers avec lui—dont fait partie Pierre. Dans cette longue marche, en hiver, avec des provisions insuffisantes, le nombre de morts et de déserteurs ne cesse de croître. Heureusement, les troupes russes attaquent le convoi et libèrent les prisonniers. Pierre est sauvé par Dolokhov. Il retrouve Natasha et la marie. Le manga se termine sur une dernière réflexion:
“L'histoire ne parle jamais de la Paix. Les Hommes sont des rouages qui servent à bâtir l'histoire, ceci s'applique aussi bien aux soldats qu'aux paysans et même aux Rois. Il n'y a pas d'exception. Toutefois... L'Homme trouve néanmoins le chemin de la Vie. Il aime ses semblables, Nourrit ses enfants, Aide ses amis Et pardonne ses ennemies. Tout en riant avec son entourage, il aspire à une existence heureuse... Et construit lui-même sa vie. Mais cela, l'Histoire n'en parle pas et n'en parlera jamais.”

Il y a des adaptations qui sont réussi et d'autres qui ne le sont pas. Dans ce cas-ci je dirais que c'est un échec total. Non seulement le dessin est parfois carrément laid mais le récit comporte de sérieuses lacunes narratives (trop d'ellipse et de raccourci sans doute) qui rendent par moment l'histoire un peu trop difficile à comprendre. De plus, le ton du récit est souvent faux et exagéré, tombant dans la comédie (Napoléon nous est d'ailleurs présenté comme un vilain de grand guignol). Je ne doute pas que le manga rende l'essence du magnifique roman de Tolstoï mais trop en a été retiré et on se retrouve avec une histoire sans âme, trop simplifiée. Comme le dit l'avertissement d'ouverture, le manga n'est pas un remplacement du roman mais veut plutôt susciter l'envie de le lire. Hélas, dans ce cas-ci la campagne était trop ambitieuse et c'est la défaite. Je n'ai nul envie de poursuivre plus loin avec une lecture ennuyante. Un manga à éviter, donc, à moins que vous soyez vraiment curieux et courageux!

Guerre et Paix, écrit par Léon Tolstoï, adapté et illustré par Variety Art Works (traduction: Julien Lefebvre-Paquet). Toulon, Soleil Manga (Coll. Classiques), septembre 2011. 12,8 x 18,2 x 1,5 cm, 192 pg., 6,95 € / $12.95 Can. ISBN: 978-2-30201-878-5. Lecture dans le sens occidental (de gauche à droite) et recommandé pour jeunes adultes (14+).
Pour plus d'information vous pouvez consulter les sites suivants:

Manga de dokuha: Guerre et Paix by Leon Tolstoï © Variety Art Works • East Press Co., Ltd. All rights reserved. Édition française © 2011 MC Productions.

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