“De retour à l’archevêché, Cesare prend immédiatement les dispositions nécessaires pour soigner notre Florentin, qui échappe de peu au pire. Et alors que les tensions entre les cardinaux agitent une Rome déjà tendue par l’attente du prochain conclave, les célébrations de la Nativité sont sur le point de débuter…”
“Fuyumi Soryo lève le voile sur le destin hors du commun de l'énigmatique Cesare Borgia dans un manga d'une richesse historique rare, tout simplement passionnant.” [ Texte de la couverture arrière ]
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ATTENTION: Peut contenir des traces de “spoilers”! Les personnes allergiques à toutes discussions d'une intrigue avant d'en avoir eux-même prit connaissance sont vivement conseillé de prendre les précautions nécessaires pour leur sécurité et devraient éviter de lire plus loin.
Le septième volume (de onze) de Cesare: Il creatore che ha distrutto (チェーザレ 破壊の創造者 / Chēzare - hakai no sōzō-sha / lit. “César [Borgia]: le créateur qui détruit”) a été prépublié en feuilleton dans le mensuel de Kōdansha Morning avant d'être compilé en tankōbon (volume) en août 2009. La version française est parue en janvier 2014 chez Ki-oon. Pour plus de détails sur cette série, vous référez à mon commentaire sur le premier volume. La série se continue puisqu'un onzième volume vient tout juste de paraître au Japon (voir page web officielle).
Ce volume nous offre en quelque sorte une pause dans le récit des aventures de Cesare et Angelo. Au grand plaisir des amateurs d'histoire!
Cesare, vêtu de ses plus beaux atours, célèbre la messe de la nativité auprès de Giovanni dans la cathédrale de Pise. Au même moment à Rome, Rodrigo Borgia préside la messe dans la basilique de Santa Maria Maggiore. Après l'office, Cesare se recueille dans la chapelle qui abrite le tombeau de l'empereur Henri VII, mort de maladie alors qu'il traversait la région deux siècle plus tôt. [ci-contre, p. 46]
Il raconte à Silenzio (Juan Borgia), qui est venu le quérir, pourquoi le tombeau d'un empereur du Saint-Empire a été préservé dans une église à une époque où il y avait une lutte de pouvoir entre l'empereur et l'Église (conflit des guelfes et gibelins). C'est à Dante qu'on le devrait. Il explique qu'il en sait beaucoup sur ce sujet car il a eut l'opportunité d'avoir une longue discussion avec Cristoforo Landino, un éminent spécialiste de l'oeuvre de Dante, lors de son passage à l'université de Pise. La suite est un long exposé historique qui rend compte de cette échange. Cel fait de ce manga une lecture très instructive.
On parle d'abord de l'équilibre entre la dualité des pouvoirs de l'empereur (pouvoir temporel et politique pour l'État) et du pape (pouvoir spirituel et religieux pour l'Église). Landino raconte brièvement l'histoire de l'Empire en remontant à la fondation de Rome, puis avec le déclin de l'empire et la conversion de Constantin au Christianisme, la naissance des deux pouvoirs que Dante appela les deux soleils.
Le pouvoir de l'Église n'a d'abord été que protocolaire mais s'est véritablement affirmé dans la querelle des investiture qui opposa le pape Grégoire VII et l'empereur Henri IV au sujet de la désignation du successeur de l'Évêque de Milan. Le pape réussit littéralement à faire s'agenouiller l'empereur dans ce qu'on appela la Pénitence de Canossa.
Même s'il fut éventuellement déposé, le pape a réussi avec sa réforme grégorienne, à accroître le pouvoir de l'Église qui a éventuellement atteint un certain équilibre. “Pour la papauté, dépourvue d'armée, l'empire fait figure de bouclier et de glaive… En retour, la pape assure la légitimité de l'empereur!”
Landino poursuit son récit avec l'histoire de Dante et de son amitié avec Henri VII. Le conflit avec le pape met l'empereur en opposition avec le roi de France, Philippe le Bel, qui fait enfermer le pape Boniface VIII (initiant ainsi ce qui deviendra la papauté d'Avignon) afin qu'Henri VII ne puisse se faire couronner à Rome et ainsi affermir son pouvoir. Mais il se fait quand même couronner par les cardinaux de Rome. Il tente de prendre Florence et Naples mais tombe malade et meurt dans les environs de Sienne en Toscane.
Cesare et Silenzio continuent leur conversation tout en admirant la diversité de style de la cathédrale (dont la chaire de Pisano). En réfléchissant sur les paroles de Landino, Cesare a des doutes sur sa voie. Michel-Ange fait une première, brève apparition dans le récit. Angelo s'est remis de sa blessure et reçoit accès à la bibliothèque de Cesare. Machiavel affirme avec force son allégeance à Cesare.
Encore une fois, ce manga est très bien écrit et très captivant, tant dans une perspective divertissante qu'intellectuelle. Le détail du dessin reste également vraiment superbe. C'est rare de voir un sujet aussi intéressant être aussi bien dessiné. Évidemment, avec l'ajout de personnages fictifs (comme Angelo) et un Cesare aussi beau, parfait et héroïque, il est clair que ce récit est très romancé et que ce qu'il nous offre est la vision (ou l'interprétation) que les auteurs ont de l'Histoire. Mais peu importe que votre intérêt soit pour le manga de qualité ou pour cette période historique fascinante, Cesare demeure un manga incontournable que je recommande au plus haut point. Un excellent example de manga historique!
Cesare: Il creatore che ha distrutto, vol. 7 (Sette), par Fuyumi Soryo (supervision: Motoaki Hara; traduction: Sébastien Ludmann). Paris, Éditions Ki-oon, janvier 2014. 13 x 18 x 2 cm, 204 pg., 7,90 € / $13.95 Can. ISBN: 978-2-35592-619-8. Lecture dans le sens japonais (de droite à gauche) et recommandé pour jeunes adultes (14+).
Pour plus d'information vous pouvez consulter les sites suivants:
CESARE © 2009 Fuyumi Soryo / Kodansha Ltd. All rights reserved. Édition française © 2014 Ki-oon.
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